lundi 6 août 2012

Proscrite

dans le pays où tu vis
les bijoux sont amoureux
de la peau
pâle de tes femmes
muses
aux cheveux filaments d’achillée
au regard de quartz rutile
leurs lèvres sont plus rondes que coquille de nautile
la terre se pare des hymnes qu’enfantent leurs pas
et des parfums poivrés coulent des yeux étirés de la lune
ainsi
jaillit la lave de ta bouche
et brûle mes terres anciennes
en jachère
no man’s land
sous mes souches desséchées
gisent des souvenirs déchus
des traîneaux arthritiques sillonnent le ciel bas
et les rennes ont le nez bleu
sous tes flots de vodka frelatée
des chameaux alcooliques
embouteillent tous les chemins
mais toi troglodyte tu traverses
les barres des immeubles imbriqués
les oasis lentement englouties
tes mots noduleux
construisent d’autres chaînes
pour mes pieds
elles brûleront des corps
comme elles ont calciné le mien
des chacals engourdis
mâchent des boules de gomme
et les crocodiles baveux
entonnent des cantilènes déchiquetées
pendant qu’un renard candide
outlaw que pourchassent les djinns
jette sa balalaïka au-dessus des moulins
et les lièvres pressés
sont remontés comme des pendules
dans le pays où tu vis
les mots disent encore quelque chose
je n’y ai plus ma place
et mon cœur étrange en pays étranger
s’annihile
captif de cette âpre écholalie
solitude est ma patrie

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire