lundi 31 décembre 2012

Vieux cortège




Marcher en costumes de fête
S’inonder le gosier de Mavrodafni
Jouer avec tous les jouets de ta malle
Traverser les cortèges débridés
Chanter nos propres chansons paillardes
Et puis sauter
Et puis glisser
Et puis se mêler
Et mélanger tous nos morceaux
Jusqu’à ce que tombe le jour
Se noie
Et que se relèvent les cris
Par lesquels tout s’achève
Finies les Antesthéries

lundi 24 décembre 2012

Conte


Miettes que je ramasse à genoux
Les doigts brisés
De leurs arêtes vives
Miettes de tous les miroirs explosés
Miettes d’une temps stroboscope
Miettes reliques
Miettes puzzles sans solutions
Miettes mémoire en miettes
Miettes d’un tableau
Déjà craquelé
Miettes tout ce qui reste
De ce que j’étais
Miettes indignes d’être morceaux
Miettes moisies
Miettes hosties
Miettes plantées sous mes pieds
Sur chaque chemin
Miettes dont je me nourris
Petit Poucet qui tourne en rond
Mangeant sa main
Ne laissant rien pour demain
Sur son propre chemin
Sale chemin

vendredi 21 décembre 2012

Fin d'un monde fini




Sous le poids imposant de leurs funèbres thrènes
Ton fantôme impuissant se cogne dans la nuit
Il fige à l’infini le sang noir de mes veines
Ma mémoire charnelle à sa suite s’enfuit

Aux longs regards éteints je dérobe mes peines
Et mon cœur vitrifié que ton ombre séduit
Épousant sans regret tes blessures obscènes
Ton suaire ensanglanté ton visage détruit

J’accepte le chaos les cris et les blasphèmes
Je me rirai toujours de leurs durs anathèmes
Spectre lascif je dormirai dans ton linceul

Le jour est déjà cendre et le requiem seul
Semble l’écho fatal d’une vie arrachée
Le jour sera cercueil à la voûte étoilée

Après 16 ans...




                                                                                                                          ubi tu Gaius ibi ego Gaia
 Toi je t’ai reconnu sur ma route mourante,
Quand chaque heure du jour se muait en tapage
Le doux creux en ta joue était abîme sage
Où se sont engloutis mes hoquets d’épouvante

Le marais de mes nuits me laissait suffocante
Sur des récifs abrupts j’aggravais mon naufrage
Prisonnière pourtant du subtil accouplage
De tes mots, me faisant à jamais ton amante

Ton bouche-à-bouche suave a noyé mes épaves
Et ton verbe impudique a brisé mes entraves
Poète, phare cru trouant ma sombre brume

Tu as serti mes pleurs nés d’amour inconnu
En colliers de poèmes au parfum d’écume
Toi je t’ai reconnu, toi tu m’as mise à nu

vendredi 14 décembre 2012

L'absent



Je t’ai cherché
Dans les rues
Dans les livres
Dans ta mémoire
Tu t’es éparpillé
Dans la désinvolture des mots
Tu n’étais pas celui
Tu as toujours été quelqu’un d’autre
Je ne cherche plus
Et je maltraite mes mots béants
Même
Dans ma plume
Au creux profond de la page blanche
Sombre ton ombre dérobée
Tu es le non-sens de ma vie

mercredi 12 décembre 2012

Zombie




Ton fantôme jamais ne s’étonne
De l’antienne caressante
De tes brumes ravies
Il perçoit encore
Les mots du tendre
De la pluie mécanique
Et le chuintement las
Des robots cybernétiques
Il mâche la fumée
D’un mégot oublié
Au bout des doigts noircis
D’une languide momifiée
Il capture des silences
Et sème les regrets
Sans vergogne
Il ne s’épouvante pas
Du lamento récurrent
Qui sourd
De clichés ensevelis
Ton fantôme
Bat toujours la mesure
Des brûlantes étreintes
Nouvelles
Ton fantôme vit
Mais ne frémit pas même
Au passage furtif
De mon ombre énamourée

lundi 10 décembre 2012

Etranger


Je te vois
Sans te regarder
A travers les brumes
De ma psyché brisée
J’ai beau mettre face à face
Mes miroirs intimes
Ils reflètent maintenant
L’inconnu
Celui qui tapissait ma tête
Warhol surexposé
Warhol décomposé
M’est étranger
Je ne reconnais plus
Ce que je vois
Autre toi
Sans moi
Inconnu
Inconnu
Inconnu

vendredi 7 décembre 2012

Sonnet pour Du Bellay




A toi, ô Joachim, qui des palais romains,
Ne vis jamais que la façade sibylline,
Ces regards embués des soupirs palatins,
Et mes mots imprégnés de douceur tibérine.

De Rome tu ne sus que les prélats mesquins,
De Rome tu n’appris que la guerre intestine…
A Rome cependant sont les rêves latins,
A Rome resplendit la beauté purpurine.

Rouge l’enlacement des aubes empourprées,
Rouge la communion des nuits ensanglantées :
Rome a pris la couleur des chambres nuptiales.

Rome au cœur cramoisi comme un épithalame
Laisse se raconter les âmes vespérales :
Pour toi, ô Joachim, je ravive ma flamme !

jeudi 6 décembre 2012

Décembre




Boutonnant mon manteau de chagrin
Je marche dans tes catacombes
Ensemencées du limon gris
De nos hivers peuplés d’âmes vagabondes