mardi 19 mars 2013

19 mars 1993



Il n’y a plus que moi
Pour rêver en arrière
Il n’y a plus que moi
Pour baiser un fantôme
Il n’y a plus que moi
Pour faire vivre la mort
Il n’y a plus que moi
Pour mâcher des fleurs moisies
Il n’y a plus que moi
Pour jouer les Cassandre
Il n’y a plus que moi
Pour vivre dans le ventre du cheval
Il n’y a plus que moi
Pour croire en la foi
Il n’y a plus que moi
Pour déclouer mes mains
Il n’y a plus que moi
Pour me pendre aux serments
Il n’y a plus que moi
Pour pardonner
Il n’y a plus que moi
Dans des royaumes oubliés
Les mains pleines de larmes
De morve de sang de regret
A collecter les brisures
De ce qui n’est plus
De ce qui est du rien
De l’oubli
Il n’y a plus que moi

lundi 18 mars 2013

Pogo de la soustraction



Yeux miroirs
Les chiffres verts du réveil
Eux
Ne mentent pas
Sans coup férir
Ils s’additionnent
Défilent
Sans bousculade
Sauf
Quand je dors
Ils s’éparpillent
Se menacent
Se décapitent
Se désagrègent
Soustraient
Et je m’éveille toujours sans toi

lundi 11 mars 2013

Vampire




La nuit s’agite
Comme nos amours
Les tombes de tes souvenirs
Éclaboussent nos murs sanglants
Je hais tes images sans moi
Je hais tes voyages à travers
D’autres reflets que moi
Chaque objet que tu tiens
Chaque parole en l’air
Chaque instant qui te frôle
Chaque geste mine de rien
Chaque toi hors de moi
M’est une coupable trahison
Aiguë
De tes beaux souvenirs misérables
Immolés dans tes yeux suaves
Languissants
Sur le vif
L’autel rouge indéchiffrable du temps

dimanche 10 mars 2013

Transports sans commun



Et moi
Errante
Le long de la voie ferrée
Les trains indifférents
A mes orages
Et les buissons oubliés
Qui parent les rails
Cynorrhodons
Rouge écarlate
Je vois
Nos fantômes qui s’en riaient
Des années en arrière
Entre chien et loup
Quand il était temps encore
Quand je savais
Rêver
Nous
Notre bulle de silence
Au milieu de la foule
Des lampions grimaçants
A l’écart
Des pétards arrogants
Nous
Secrets le long des rails
Préservés
Doigts emmêlés
Parmi
Les maisons blotties
Sous les treilles sauvages
Liserons
Chats souverains
Au milieu des ronces
De mon cœur
Sillage tricolore des avions
De la patrouille
Je n’avais de patrie
Que l’amour que ton cœur
Et ton corps comme ma maison
Mais ils ont coupé l’arbre
Devant le pont de fer
La foule hostile reste
Entre toi et moi
Et les racines mortes
Dans le grincement des roues
Les rails nous séparent
Et le train
Ne sait plus
M’emporter à sa suite