mardi 30 avril 2013

Maudit poète




Indigène à la plume si prompte à séduire
Qui écrivis pour moi tes univers obscurs
Tu consumas mes jours en ta rage d’écrire
Le tam-tam de ton cœur explosant tous mes murs

Toi funambule fou sur la corde des mots
Qui bruits rendis muets par la force du dire
Tu mutas mon amour en cris de camelots
Ce qui point n’était rime il te fallut occire

Faune dénaturé par tes vers électriques
Tu fis de mes serments une prose importune
Et de nos souvenirs des regrets synthétiques
Je pourris avec eux en leur fosse commune

samedi 20 avril 2013

Vieil avril




L’herbe qui embrassait mes mollets
Quand j’avais des jonquilles dans la tête
Ce soir encore bat la campagne
Comme elle a couru les rues
Pour battre en brèche
Les assauts
Du nébuleux chagrin

mercredi 10 avril 2013

Rêve du 10 avril




Que deviennent nos songes
Quand l’aube aux racines froides
Triture la conscience
Le choc torturé du terne miroir
Bouffi de sommeil
L’étreinte gelée du robinet hagard
Là-bas
De l’autre côté
Toi et moi dans la réalité parallèle
Je t’enlace
Tu ne te dérobes pas
Aux mains striées
Aux baisers de la pénitente
Tu souris en rêve
Et tu mens encore
A un autre fantôme
Mariée blanche sous vos suaires
Mais moi je suis vivante
Je me réveille
Loin de l’arbre mort des songes
Je me réveille
Et mes mondes s’engloutissent

mercredi 3 avril 2013

Rue de Castelnau




Il n’y a même plus le chant lointain des rues
Sous nos pas accordés en les soirs nus de juin
Il n’y a même plus le ballet des autos
Troupeaux aux complaintes tristes des nuits furtives
Il n’y a même plus la procession des trains
Compagnons familiers de nos souffles à l’aube
Il n’y a même plus le baiser tutélaire
De notre aïeul platane à la barbe fleurie
Il n’y a même plus le vieux parquet qui grince
Ciré à deux genoux en les matins d’été
Il n’y a même plus les volutes rosées
D’un papier peint nacré au parfum démodé
Il n’y a même plus sur des bureaux jumeaux
Deux lampes vertes gardiennes de nos secrets
Il n’y a même plus le lit aux draps bien sages
Qui bordait nos rêves de meilleurs lendemains
Il n’y a même plus les fantômes de nous
Au numéro 3 bis où tu m’aimais jadis