mercredi 31 juillet 2013

Les arbres





Sur le chemin le long du canal
Les platanes se lèvent la nuit
Ils se frottent le tronc
S’échangent leurs graffitis
Cœurs gravés d’autrefois
Prénoms entrelacés jadis
Mots d’amour éternels
Éternels au printemps
Les platanes effritent leur écorce
Sans s’occuper des souvenirs
Se moquent de la nostalgie
Et des serments abandonnés
Ils n’ont pas la fibre sentimentale
Eux
L’humus des mémoires
Les fait grincer
De rire
Ils ont d’autres feuilles
A déployer
D’autres traces
A effacer


jeudi 25 juillet 2013

Orage




Mon orage ne gronde plus
Les arbres agonisent
Branches brisées au sol
Feuilles dévorées
De chagrin
Récurrent comme la grêle
Qui a tout transpercé

samedi 20 juillet 2013

Les vieux étés



L’herbe jaunie des prés d’été
Coquelicots morts
Fanes de pissenlits
Feuilles desséchées
Il ne reste que les spectres
De nous
Le crissement des foins embaumés
Sous nos pas accordés
Les soirs d’été
Quand la lune amoureuse
Fumait dans le ciel heureux
Brillant strié
Meules qui ondulaient
A notre passage
Branches nouées des tilleuls
En haie nuptiale
Dessus le couple à l’amble
Sur l’herbe jaunie
Des chemins d’été
Terre sèche évaporée
En poussière de vie
Orteils jumeaux
Alignés sages et sûrs
Sur un même chemin
Les soirs
Nos soirs
Doux et moites d’été

dimanche 14 juillet 2013

Déclaration d'antan


Comment te dire, amour, comment rompre le rang
Quand ton corps est brûlant je ne suis rien qu’humaine
Je ne peux m’assagir à la raison d’antan
Je ne peux me résoudre à errer dans le temps
Elles sont mortes au-delà les vierges languides
Moi je suis femme de toute ma chair de tout mon sang
Mais où sont les mots capables de dire
Le cœur de mon délire la vigne de mon tourment
J’aurais voulu t’aimer à délier la chaîne
Des années mortes mains clouées au destin
T’aimer quand se sont tues les chaînes
Et les bonimenteurs aux croisées des chemins
T’aimer à ciel ouvert à chaque plainte du vent
Tes yeux noyés offerts à la lueur du serment
T’aimer à livre ouvert à la recherche des mots perdus
Celui qui est mon souffle crée mon vocabulaire
Croire que le temps d’amour a été découvert
Et que je peux te dire qu’il ne neigera plus